territoire comme symbole physique




L'homme utilise l'espace, dans toutes les activités qu'il entreprend. La territorialité se trouve dans chaque détail de la vie, elle est liée de manière subtile et variée au reste de la culture.








Il existent des interactions entre l'individu et le territoire qui accueil ses divers activités. Une société, à travers sa culture, fonde sur un territoire son identité commune. Car fondamentalement, y-aurait-il identité possible sans enracinement? Plus précisément, y-aurait-il d'identité consciente sans que nous nous préoccupions activement de nos représentations des lieux?
Posséder son territoire est l'un des besoin fondamentaux de l'homme, les moyens pour parvenir à sa délimitation sont de l'ordre du naturel (aucune transformation physique du paysage, on se contente d'utiliser les éléments existants) ou de l'ordre du construit (délimitation par des éléments physiques comme les murs, les clôtures, les barrages..). Une délimitation n'implique pas seulement l'instauration de rapports juridiques (mien, tien, public, privé,..) mais aussi l'attribution d'une signification qualitative (sacré, cultivable,..) Une propriété unique peut être composée de plusieurs surfaces, chacune ayant sa signification et ses limites propres.


Une double logique est appliqué dans un territoire, celle de l'inscription des mécanismes généraux qui imposent les modèles de l'autorité politique, la seconde, celle de reproduction des traits ''organiques'' de la société.

Territoire – une notion politique

La volonté d'une communauté de s'affirmer et de se distinguer se traduit toujours par la revendication territoriale intransigeante. La notion d'un territoire, en tant que relation de l'homme à la terre est souvent complexe et donne naissance à des conflits internationaux (des peuples sans territoire, des peuples nomades).¹
Le juriste international, d'après le droit public, tient le territoire pour le cadre spatiale dans lequel est établie toute communauté humaine, matérialisant sa fixation au sol et déterminant ses contours ainsi que les limites de sa souveraineté. Le territoire crée ainsi un ordre intelligible, comme les contentieux territoriaux produisent un désordre tout aussi évident. La théorie des relations internationales ne s'est pas encore défaite de tels dogmes, pourtant consciente d'un ordre mondial résolument inter-étatique.




L'anthropologie contemporaine insiste sur la pluralité des modes de territorialité et sur l'incertitude de leur rapport à la modernité, préférant entre autre, réfléchir en termes d'espaces et de diversité de modes de spatialisation. La science politique en revanche, garde un point de vue classique d'un espace vital terrestre, aquatique ou aérien, qu'on défend contre toute violation comme étant une propriété exclusive. Cette vision rigide repose sur le lien constitutif entre communauté et territoire, plus rien, sauf un l'argument de générosité, ne saurait empêcher la première de réclamer le contrôle plein et exclusive du second. D'autre part, un espace délimité est le principe structurant d'une communauté politique et le moyen de contrôle d'une population.

Le modèle Westphalien² du territoire est obsolète. Une nouvelle scène mondiale se dessine qui est tantôt aterritoriale, tantôt soumise à la concurrence de plusieurs logiques territoriales contradictoires. Les rapports entre nations, d'ailleurs de plus en plus difficiles à territorialiser, ne sont désormais qu'un aspect de fonctionnement d'une scène mondiale et relève de l'ordre d'une illusion cartographique.

Ambassade et son territoire

Traditionnellement, les ambassades et les bases militaires jouissaient du privilège de l'extraterritorialité (territoire exempt de juridiction de la loi locale, obéissant à celle du pays d'origine), mais suite aux abus fréquents on n'attribue ce droit que dans des cas exceptionnels. Les douze bâtiments appartenant à l'État du Vatican, qui se trouvent en dehors de ses frontières, jouissent tous du privilège de l'extraterritorialité, les cimetières militaires jouissent d'une cession à perpétuité de la propriété foncière. Dans le milieu actuel des affaires internationales, les locaux diplomatiques sont protégés par les immunités établies par la convention de Vienne de 1961.
Le terrain mise à disposition par l'État accréditaire pour accueillir les locaux diplomatiques du pays accréditant porte un certain nombre de spécificités. Il est la preuve physique qui symbolise la projection du champs d'action de l'état accréditant. L'immunité diplomatique offre un potentiel politique tel que chaque État accréditant veille à sa protection grâce aux nombreux dispositifs de sécurité. On assiste tout de même à l'assouplissement de cette quarantaine spatiale, comme nous montrent les exemples d'introduction des centres culturels dans l'enceinte de l'ambassade.

L' ambassade de l'Union européenne, comme une projection symbolique de son territoire, peut provoquer un sentiment d'une entité subjective liée à la partie ''perdue'', qui a la particularité d'être à la fois proche et lointaine, réelle et imaginée. Dans la logique de l'appartenance au territoire, et de son appropriation, toute conduite structurée en fonction d'une unité spatiale peut s'appréhender en terme de territorialité. Ces conduites sont la preuve d'une volonté de l'appropriation symbolique du territoire.































Culture et le principe de territorialité

''Le principe de territorialité appartient à un univers de sens, et donc à une culture''¹. Chaque culture nourrit une représentation de l'espace qui lui est propre.

Le principe de territorialité n'est pas issue d'un phénomène naturel mais résulte d'une construction historique, cette construction prend forme en dépendance étroite avec des systèmes symboliques et des cultures. ''Le territoire entre donc bien en jeu dans le processus identitaire d'une communauté et les dénominations utilisés pour organiser l'espace d'une communauté entretiennent des liens avec la mémoire de la société.''³

Le territoire joue également un rôle important dans la transmission culturelle par les éléments accumulés dans le territoire, hérités des générations qui nous ont précédées. Il semble inévitable que ces éléments présentent des signes d'originalité qui distinguent des cultures différentes.  




¹/ voir livre: La fin des territoires : essai sur le désordre international et sur l'utilité sociale du respect, Bertrand Badie, 1995, Fayard

²/ Le territoire est considéré comme support exclusif des communautés politiques, une marque de la compétence de l'État, un instrument de contrôle socio-politique, et finalement, une base de l'obéissance civile.  


³/ Les mots de l'espace, entre expression et appropriation, chapitre La mosaïque troublée,.. Françoise Abdel Fattah, 2009, l'Harmattan



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire