Architecture/Politique




Résumé de l'article intitulé Architecture et politique, revue Le visiteur  no 13, mai 2009, Franco Purini

L'architecture traduit la vision du monde présent, car elle représente les conditions économiques et productives qui génèrent les dynamiques sociales. Elle n'est donc pas dépourvue de significations politiques car elle exprime toujours un jugement sur le monde. Franco Purini nous place dans le contexte de la pensée architecturale actuelle à l'aide de douze phénomènes majeurs auxquels un architecte se trouve confronté. Le processus créatif, tour à tour réglé et relancé doit reconnaître le sens de la politique.



résumé:

On ne fait pas de politique avec l'architecture. Toute humaine est une vision du monde. Dans les années 70, Manfredo Tafuri affirme que l'art de construire ne peut à lui seul modifier les conditions économiques et productives qui règnent les dynamiques sociales. L'architecture ne peut que représenter. Pourtant aucune action architecturale n'est dépourvue de signification politique, car elle procède de choix liés au aux fondements de la réalité. Par conséquent; l'architecture est politique, parce qu'elle exprime toujours un jugement sur le monde, et ce même si son essence politique est maintenue dans un état marginal et indirecte. La politique traverse l'architecture dans toutes ces manifestations, il est pourtant difficile de trouver le rapport entre l'intervention architecturale et son impacte politique et social. Pour comprendre dans toutes ses implications le tableau sue nous venons d'esquisser, iil convient de le replacer dans le contexte actuel de l'architecture.



1. Les manifestations culturelles de la société se détache progressivement de la nécessité du lien à un territoire (lieu). On peut alors diffuser au niveau planétaire une réalité singulière locale et interagir avec des valeurs produites dans d'autres lieux. Le global serait alors ce qui naît d'une culture particulière et conquiert une notoriété mondiale pour entrer dans le patrimoine de l'humanité. On assiste aujourd'hui à un phénomène de l'impérialisme, à savoir l'imposition par des pays dominants de leur modèle culturel avec toute iconographie qui en résulte. De ce point de vue, la globalisation ne diffère guerre de l'ancien internationalisme.
2. Le statut de savoirs est le deuxième phénomène auquel l'architecture se trouve confrontée. La société semble se trouver dans les systèmes de connaissance dépourvus de consistance solide, autonome et durable. Ce qui peut être traduit par une accélération des échanges interdisciplinaires due à la modernité. L'architecture est en train de perdre son consistance en la confondant avec la sociologie ou la géopolitique.

3. La primauté absolue du marché liée au culte de la consommation, produit une soumission aux logiques économiques. Le marché est un instrument essentiel pour la vie des communautés, car il garanti et accroît la liberté en multipliant pour chaque individu les occasions de réaliser ses objectifs. Il ne faut tout de même pas considérer le marché comme une entité métaphysique capable d'échapper à toute intervention.
4. Actuellement l'architecture est une pratique presque exclusivement tournée vers la communication. Devenue l'un des nombreux médias, elle est présente les différents réseaux d'images depuis qu'elle a pris la communication comme sa principale finalité. Les notions de l'espace habitable, la construction de situations urbaines ou la prise en compte de la temporalité sont passés au second plan.

5. L'architecture est transformée en une activité environnementale gouvernée par la question écologique. Ce phénomène crée un horizon théorique et opérationnel où la forme est complétement submergée par une sorte de néofonctionnalisme environnemental.

6. Dans le cadre de la sociologie urbaine, la ville aurait définitivement échappée au contrôle de ses habitants et des architectes. On estime que la ville évolue en fonction de ses propres lois. Mike Davis ou Saskia Sassen affirme que les métropoles contemporaines sont un échec historiques car les interventions architecturales ponctuelles et fortuites sans relations entre elles, délégitiment le fondement même du projet urbain.

7. L'esthétisation de la société réduit l'architecture à son expression subjective, dont les composants collectives fondamentales sont marginalisés.

8. Uniformisation des structures et des thèmes dues à une hybridation des langues, qui perdent leurs caractères distinctifs.

9. L'univers de la simulation devient de plus en plus un lieu d'authenticité, tandis que la réalité vraie prend les formes de la représentation. C'est ainsi que la Venise de Las Vegas et la Venise Réelle sont équivalentes.

10. Le bâtiment devient complexe et multifonctionnel (notion de multi-usage) si bien que toutes les opinions théoriques et tous les choix opérationnels s'équivalent.

11. De l'équivalence entre la culture haute et la culture basse résulte que les signes et les messages ne permettent plus hiérarchiser des valeurs et des contenus.

12. La problématique des grands nombres résolue au XX siècle par les solutions de masse, coexiste avec le besoin opposé d'individualiser les solutions.



Le rapport entre architecture et politique doit s'inscrire dans une stratégie. L'architecte doit établir des rapports précis avec l'autorité politique et économique tout en évitant s'y soumettre ou s'y opposer. Il ne faut pas non-plus se réfugier dans les paradis artificiels (la vision du monde en échelle s dimensionnelles, l'idée que le shopping soit le seul espace métropolitain de socialisation, ou la notion de ville générique). L'architecture doit trouver sa propre vision de l'idée même de modernité, distinguer le nouveau de l'innovant, intégrer le problème de la marginalisation par la technique et enfin comprendre les dimensions des conflits qui sont l'âme même de l'histoire humaine et de celle de la ville, pour donner vie à la réalité.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire